Certaines recherches, dont l’exigence est illimitée, isolent celui qui s’y plonge. Cet isolement peut être imperceptible : mais un homme qui s’approfondit a beau voir des hommes, causer, disputer avec eux, il réserve ce qu’il croit de son essence et ne livre que ce qu’il sent inutile à son grand dessin. Une part de son esprit peut bien s’employer à répondre aux autres, et même à briller devant eux ; mais, loin de s’y confondre par cet oubli de soi qu’engendre le commerce excitant des similitudes d’impressions et des contrastes d’idées, celui-ci se sépare par cet échange même qui lui fait ressentir plus nettement son écart et l’engage à se retirer en soi, avec soi, plus vivement à chaque contact. Ainsi se forme-t-il, par réaction, une solitude seconde, qui lui est comme nécessaire pour se rendre secrètement, studieusement, jalousement incomparable. Davantage, il pousse ce retranchement et cette reprise si avant, qu’il s’isole soi-même de ce qu’il fut et de ce qu’il fit : il n’est d’ouvrage de ses mains qu’il ne revoie sans brûler de le détruire ou de s’y remettre…
(Paul Valéry, «Crépuscule et Final», Gallimard, p.1238-1239)
最近は、このことばかり考えている。